Louisville 2011 / Intervention du Délégué général
Sunday, December 04, 2011
Louisville, 28 octobre 2011
Intervention de Jean-François Chénin, Délégué général de l'Alliance française aux Etats-Unis à la Convention annuelle de la Fédération des Alliances françaises - Louisville 27-29 octobre 2011 (*)
Madame la Présidente, Chère Mimi,
Madame la Déléguée Amérique du Nord à la Fondation, Chère Isabelle,
Monsieur le conseiller culturel, Cher Christophe,
Chers amis,
Je voudrais articuler mon intervention autour de quelques mots clés pris parmi les suivants comme qualité, réseau, engagement et désengagement, plateforme, plan d'action, statuts et gouvernance, culture d'entreprise, formation et certification, label et marque, professionnalisation, rencontre, appartenance, partenariat, esprit d'entreprise, développement, excellence, Frames, bonnes pratiques…..
Réseau
Après une petite année d'observation comme Délégué général, je peux dire que ce réseau existe (aurai-je le temps d'ailleurs de visiter toutes les alliances durant ma mission ?) et que la grande variété qui le caractérise en fait sa richesse, mais aussi parfois sa faiblesse. Dans toutes ses dimensions, il est digne d'attention et de considération.
En 2010, il est constitué de 113 alliances, totalisant 45 000 inscriptions pour un budget global de $ 22,5 millions en recettes et $ 21,5 millions en dépenses.
Si l'on regarde plus attentivement, 27 alliances totalisent à elles seules 95% des inscriptions et 96% des recettes. C'est dire les grandes disparités qui existent à l'intérieur de ce réseau. Un réseau majoritairement constitué de "clubs" non enseignants (42 alliances) et d'alliances "partenaires" qui cherchent les voies de leur développement (44 alliances).
J'attire votre attention sur les résultats de l'enquête 2010, parcellaires et incomplets pour les alliances "clubs" et "partenaires" puisque 49 d'entre elles n'ont pas répondu à l'enquête de la Fondation. Je le déplore. C'est pourtant à partir de vos informations et d'un questionnaire complété que la Fondation peut au mieux décrire le réseau américain des alliances et faire état de son activité, de ses progrès, de ses besoins aussi… et, en conséquence, obtenir les aides nécessaires à son soutien. Je vous encourage donc à y répondre. Nous fournirons une version anglaise de ce questionnaire qui sera, en 2011, rénové par la Fondation.
Engagement/désengagement
J'ai entendu dire, parce que la Délégation quittait Washington pour être logée à l'Alliance française de Miami, que la Fondation et la Délégation se désengageaient du réseau des alliances aux Etats-Unis, comme si cette réinstallation était l'amorce d'un repli. Il n'en est rien. Il existe certes des contraintes budgétaires que tous les grands pays connaissent aujourd'hui et il est vrai que l'action culturelle extérieure ressent ces contraintes. Mais la Fondation comme le ministère des Affaires étrangères font un effort financier important avec 5 directeurs mis à disposition (Denver, Chicago, New Orleans, Porto Rico et Miami) et 2 déléguées générales adjointes (Délégation). Ce soutien est aussi apporté à l'action culturelle comme à l'action éducative à travers le financement direct d'un certain nombre d'opérations. Il est vrai que nous avons réorienté nos efforts vers plus de formation, plus de professionnalisation des équipes, plus d'outils d'échanges et de dialogue, plus de qualité plutôt que de fournir un catalogue de tournées, assurément parfois plus "visibles". Nous avons opté pour un travail "en profondeur" et pour des dispositifs "clé en main".
Nous nous appuyons aussi sur les ressources de l'Institut français, nouvel opérateur du ministère des Affaires étrangères ainsi que sur ses relais naturels que sont les services culturels de l'ambassade et dans les circonscriptions consulaires. Nous avons opté pour un rapprochement et un travail en commun en relayant auprès de vous les projets dans tous les domaines de l'action culturelle comme de l'action éducative.
Délégation
Ainsi la délégation n'est pas, ne sera pas le "service culturel bis" des Alliances. Elle représente la Fondation auprès de vous et constitue le bureau d'assistance technique mis à votre disposition sur toutes les questions qui touchent à vos activités et à votre développement.
La récente "petite tournée" faite à Atlanta, Dallas, Chicago, Indianapolis et Cincinnati, avec Isabelle Morieux, Déléguée pour l'Amérique du Nord à la Fondation, confirme, s'il en était besoin, notre souci d'être présent auprès des "grandes" comme des "petites" et d'avoir, pour les "petites" plus que pour les "grandes", une attention plus soutenue parce qu'elles reposent sur un bénévolat qui, parce qu'il a tendance parfois à s'essouffler, a besoin de soutien et de conseils pour retrouver confiance dans son développement et sa modernisation. Ce maillage américain francophone et francophile de l'alliance française est pour nous fondamental et nous entendons le défendre. Je n'ai pas accepté la mission de Délégué général pour fermer des alliances même si, nécessité faisant vertu, je reste attentif aux efforts parfois chaotiques de certaines d'entre elles pour tenter de survivre.
Plan d'action
Depuis mon arrivée à la Délégation et grâce à l'action précieuse et déterminée de Muriel Piquet-Viaux pour la partie éducative et d'Alice Brunot pour la partie culturelle, nous avons précisé notre plan d'action. Il repose sur deux axes majeurs : renforcer la professionnalisation des équipes et renforcer l'appartenance au réseau. Il s'appuie bien évidemment sur le dynamisme des Alliances qui ont pour vocation d'être de véritables centres d'excellence et vise à favoriser l'effort des autres à se développer et à devenir des alliances enseignantes de qualité.
Renforcer la professionnalisation des équipes :
· en mettant en place une formation diplômante en FLE avec l'université du Maine (Le Mans) ;
· en revisitant, pour les consolider, le cadre conceptuel et le cadre opérationnel des dispositifs Frames (enseignement aux adultes) et Smart Steps (enseignement au jeune public) mais aussi en définissant de nouveaux produits communs comme les "Summer Camp". Muriel Piquet-Viaux vous en parlera dans l'atelier qu'elle animera durant ces journées ;
· en développant les certifications Delf et Dalf, en ouvrant dans les alliances des centres de passation et en formant les professeurs habilités ;
· en développant les formations à l'ingénierie culturelle et au management d'un établissement avec la CCIP, le ministère des Affaires étrangères et la Fondation.
Renforcer l'appartenance au réseau :
· en favorisant la communication et les échanges collaboratifs entre les alliances grâce à la plateforme ouverte en avril dernier par la Délégation. Je vais y revenir ;
· en mettant au point des "produits culturels" définis en commun dans leur forme comme l'activité "ciné, cinéclub, cinéma" qu'Alice Brunot vous présentera dans un atelier ou en retrouvant les débats d'idées à travers des programmes de conférence de haut niveau élaborés en commun avec des institutions partenaires comme le Collège de France, la Réunion des Musées nationaux - pour ne citer que ceux-là ;
· en encourageant chacune d'entre vous à s'engager dans la démarche Qualité que vous présentera Isabelle Morieux lors de l'atelier qu'elle animera durant la Convention ; La recherche de la qualité c'est, in fine, mettre en place les "bonnes pratiques" pour l'ensemble des activités éducatives et culturelles d'une alliance mais aussi dans le domaine de sa gestion administrative, financière et immobilière comme dans celui de sa gouvernance.
· en engageant une révision des statuts des Alliances car des statuts vieillissent (ou n'ont pas été soumis à l'approbation de la Fondation). Une telle révision, faite collectivement, en toute transparence, ouvre la voie à une nouvelle gouvernance, adaptée aux ambitions de développement de chacune.
Culture d'entreprise
Vous l'aurez compris, notre ambition, au-delà d'un vague sentiment d'appartenance à un réseau, est de développer une culture d'entreprise propre justement à renforcer cette appartenance au réseau mondial des alliances françaises.
Avoir le "label" Alliance française et s'en prévaloir donne des droits mais aussi des devoirs : celui du respect de sa charte, celui du respect de sa marque et de sa signalétique, celui de la recherche – fondamentale – de la qualité dans l'accomplissement des missions dans lesquelles nous nous reconnaissons.
Cette culture d'entreprise, c'est d'abord un "esprit" pour éviter le repli sur soi, pour s'ouvrir aux autres, en renforçant la cohésion, l'entraide et les synergies. C'est l'objet même de la plateforme collaborative que la Délégation a mise en place. Elle a pour fonction de rassembler, de mettre en commun, d'être un outil de travail à l'usage de tous et je m'inscris en faux contre l'idée parfois entendue que nous l'aurions proposée pour "éliminer du réseau les petites alliances". Bien que le coût qu'elle peut représenter me semble tout à fait accessible pour tous et, en particulier, pour des structures comme les alliances club (la Délégation assure déjà les 2/3 de son financement et les alliances 1/3), nous vous proposerons très prochainement des tarifs dégressifs en fonction du nombre d'utilisateurs par Alliance. Je vous signale que les Alliances du Canada vont très vite nous rejoindre sur la plateforme et que la Fondation suit avec attention son développement, considérant en la matière que nous sommes en quelque sorte le "laboratoire" des communications futures entre les alliances du réseau.
Cette culture d'entreprise, ce sont aussi des dispositifs définis en commun, comme je l'ai dit précédemment, et mis en œuvre dans le respect des procédures qu'ils proposent comme Frames ou Smart Steps ou Merlin. C'est l'affichage d'une communication de réseau en veillant à la qualité de nos sites internet ou en mettant en place, comme nous vous le proposerons prochainement, une carte de membre/étudiant unique pour l'ensemble des alliances propre à leur donner une meilleure visibilité.
C'est enfin, et j'y reviens, le partage de nos compétences et de nos savoir-faire en matière éducative, culturelle et d'administration, entre nous, avec la Fondation et avec le réseau mondial des Alliances. Sans dialogue et sans échange nous nous condamnons à disparaître. Nous souhaitons le contraire, bien évidemment.
Rencontres
Pour finir, j'évoquerai trois rendez-vous organisés par la Fondation et/ou la Délégation :
- une université d'été fin mai/début juin 2012 sur le thème de la formation des équipes de direction, pédagogique et culturelle. Elle remplacera la traditionnelle réunion des directeurs et prendra la forme d'une formation/action. Nous vous préciserons rapidement le lieu et les dates de cette université.
- le 34ème colloque de l’Alliance française qui se déroulera les 30 (après-midi), 31 janvier et 1er février 2012. Cette année le thème retenu est : "Vers quoi ?". Je vous laisse, jusqu'à cette date, réfléchir à cette question en souhaitant que le plus grand nombre d'entre vous rejoigne ces journées.
- Enfin, au printemps 2013, comme l'a annoncé Isabelle Morieux, la tenue des Etats Généraux des Alliances françaises d'Amérique du Nord qui réunira les alliances du Canada et des Etats-Unis.
Je vous remercie.
JFrançois Chénin
* Cette note résume les trois interventions du Délégué général faites à la Convention 2011 de la Fédération des alliances françaises, lors de la session d'ouverture, lors de la réunion du board de la fédération et lors de l'assemblée générale.