Jacques Andréani

Dans le cadre de la Présidence française de l'Union européenne

L'Intervenant

Jacques Andréani est né à Paris et y a fait ses études. Il est diplômé de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris et de l’Ecole Nationale d’Administration (ENA).

A la sortie de l’ENA, il a choisi la carrière diplomatique et a été aussitôt nommé secrétaire d’Ambassade à Washington, où il est resté cinq ans, puis de là, après un stage à Paris pour apprendre le russe et étudier les questions d’Europe de l’Est, il a été affecté à Moscou, où il a passé les périodes les plus difficiles de la guerre froide (construction du mur de Berlin, crise de Cuba de 1962).

Après Moscou, il a passé six ans à Paris, chargé, d’abord de l’Union Soviétique, ensuite des relations avec l’ensemble des pays communistes d’Europe. Il a rejoint en 1970 la délégation de la France auprès de l’OTAN comme Représentant Permanent Adjoint. De novembre 1972 à août 1975, il a dirigé la délégation française aux pourparlers préliminaires à la Conférence sur la Sécurité et la Coopération en Europe (CSCE) à Helsinki, puis à la CSCE elle-même à Genève. Il a été de 1975 à 1979 Directeur d’Europe au Ministère des Affaires Etrangères.

En 1979, il a été nommé par le Président Giscard d’Estaing Ambassadeur en Egypte. En 1981, le président Mitterrand lui a demandé de devenir Directeur des Affaires Politiques au Ministère de Affaires Etrangères, poste auquel il est resté trois ans, jusqu’à sa nomination comme Ambassadeur en Italie. Il est resté quatre ans à Rome, après quoi il est revenu à Paris pour occuper les fonctions de Directeur de Cabinet de Roland Dumas, Ministre des Affaires Etrangères.  En 1989, le Président Mitterrand l’a nommé Ambassadeur à Washington, où il est resté jusqu’en octobre 1995. Il a pris sa retraite en 1997.

Après sa retraite, M. Andréani a accompli diverses missions que lui ont confiées le président de la République et le Ministre des Affaires Etrangères, notamment dans les pays du Moyen-Orient. Il a aussi été chargé de négocier avec les autorités des Etats-Unis, en 2000, un accord portant sur l’indemnisation des propriétaires juifs d’avoirs bancaires spoliés pendant l’occupation nazie en France.

M. Andréani a enseigné les relations internationales à l’Université de Clermont-Ferrand (1996-1997), à l’Université Johns Hopkins, Centre de Bologne, (1997-1998) et à la LUISS à Rome (2000-2005).

M. Andréani est Président de la section Etats-Unis de l’Association France-Amériques, Président d’honneur de la Société Dante-Alighieri – Comité de Paris, Président des Amis de l’Institut Dominicain d’Etudes Orientales du Caire, Président d’honneur de l’Association des Anciens Elèves de Sciences-Po. Membre du Conseil d’Administration de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, Membre de la Commission trilatérale.

Il fait également partie du « Club de Monaco », institution privée qui rassemble des personnalités politiques, diplomatiques et de la presse des pays des deux rives de la Méditerranée.

Il est Commandeur de la Légion d’Honneur et Commandeur de l’Ordre National du Mérite et a publié L’Amérique et nous (Odile Jacob, 2000) et Le Piège : Helsinki et la chute du communisme (Odile Jacob, 2005).

Conférences

La différence française        
Pourquoi la France est-elle si différente des autres nations ? Quels traits historiques et culturels expliquent cette différence ? La France et les Etats-Unis partagent les mêmes valeurs – leur foi dans les Droits de l’Homme et la Démocratie, une sorte de messianisme visant à propager partout leurs idéaux, une certaine ressemblance dans leurs conceptions de la Nation – mais il arrive que ces valeurs, elles ne les interprètent pas de la même façon. Chacun des deux pays a sa propre expérience du monde.
Les Français aiment-ils être différents des autres ? La réponse est oui. Cela veut-il dire qu’ils sont « arrogants », comme on le dit parfois ? Bien sûr, les Français ne croient pas qu’ils le sont. Il y a là un sujet à discuter de bonne foi.
Les autres peuples, notamment les Américains, devraient-ils voir de façon critique le fait que les Français ont leurs façons de faire à eux, leurs propres préférences ? Un monde de paix est un monde de coopération, et la coopération a pour base la reconnaissance des caractères spécifiques de chaque peuple.
De Jean Monnet et Robert Schuman à François Mitterrand et Jacques Delors, la France a été à l’avant-garde du projet d’une union étroite entre les peuples d’Europe et elle n’a pas peu contribué à son avancement.
Comment ce rôle se concilie-t-il avec l’attachement des Français à leurs traits spécifiques en tant que nation différente des autres, y compris des autres pays européens ? Certains Français ont pu voir naïvement dans la future Europe unie une sorte de reproduction en plus grand des vertus et des singularités françaises. D’autres ont compris que, pour garder ce qui était le plus valable dans l’identité de la France, il fallait sacrifier les aspects les moins essentiels en tenant compte de l’expérience et des préférences des autres européens, et que tous en bénéficieraient.
Dans une large mesure, l’avenir de la France se joue dans cette conciliation entre l’idéal européen et la spécificité française. Le fait que la France soit attachée à ses particularités en tant que nation ne l’empêche en aucune façon de s’adapter à un monde en changement, ni même d’adopter lorsqu’il en est besoin les modes de faire des autres nations.

Libre échange, économie de marché, mondialisation
Les Français acceptent-ils le libre échange et l’économie de marché ? Bizarrement, en France, le mot « libéral » a une connotation moins positive que dans d’autres pays. En réalité, les Français s’irritent plus du mot que de la chose, laquelle, fondamentalement, est acceptée par eux, disons le, sans enthousiasme excessif. 
Les Français d’aujourd’hui se rendent compte que le commerce libre et le marché représentent la voie indispensable vers le progrès de l’économie, mais il s’agit d’un choix de la raison, non du cœur.
Il est manifeste qu’il existe en France une certaine crainte du changement. On y garde aussi le souvenir du rôle positif que l’Etat a joué dans le passé pour édifier la nation, pour accomplir son unité culturelle et politique, pour créer les infrastructures de son économie et pour protéger citoyens et entreprises contre les risques du marché quand la concurrence devenait trop rude.  Il existe également un certain malaise au sujet de la globalisation. Mais les Français sont davantage capables que dans le passé de concilier l’acceptation du commerce libre et du marché globalisé avec le rôle de l’Etat dans l’économie. Ils sont aussi mieux préparés à approuver les réformes qui sont indispensables si la France doit s’adapter à un marché libre et à la globalisation. Ce n’est pas par hasard qu’en 2007 ils ont élu comme Président un homme dont tout le programme tournait autour de l’idée de réforme.
La plupart des Français acceptent le libre échange, l’économie de marché et la globalisation, et pensent en même temps que  le libéralisme doit être régulé pour éviter des excès d’injustice et des risques de déstabilisation. Ils ne sont d’ailleurs pas seuls à penser de la sorte. Bien d’autres le font, y compris aux Etats-Unis, surtout lorsqu’ils voient les déséquilibres de toutes sortes qui peuvent être attribués aux excès du système capitaliste.

Gouvernance mondiale
Contrairement à l’impression que quelques personnes se forment, les Français d’aujourd’hui ne s’accrochent nullement à une croyance illusoire dans la “grandeur” de leur nation. Certes, ils ont une haute idée de la France, de son rôle dans l’Histoire, de son attachement aux valeurs et de sa capacité à comprendre le monde et à interagir avec les peuples de la terre. Ils veulent que la France soit présente et agissante dans l’élaboration d’un monde meilleur. Ils sont aussi sans illusion sur la puissance respective des différents acteurs de la scène internationale.
Quelle gouvernance mondiale la France souhaite-t-elle aujourd’hui ?
Elle veut un monde avec des règles :
- des règles régissant l’usage de la force ;
- le développement progressif d’un système juridique international ;
- un équilibre entre plusieurs centres de pouvoir.
Des Américains parlent parfois des Etats-Unis comme de « la nation indispensable ». Nous ne nions pas qu’elle le soit. Mais les problèmes sont si complexes que l’on pourrait s’accommoder de l’existence de plusieurs « nations indispensables » - ou groupes de nations. Bien évidemment l’Union Européenne doit y avoir sa place.
- des progrès vers l’égalité en droit des nations et vers la fin de ce sentiment d’injustice et de « double standard » qui nourrit actuellement la colère de nombreux peuples envers l’Ouest.

L’unification de l’Europe
Que représente pour la France la construction d’une Europe unie?
Un plus pour la prospérité et le bien-être matériel et moral de chaque Etat membre, à commencer par elle-même; une garantie pour la paix en Europe, par la réconciliation entre les Etats membres, en particulier la France et l’Allemagne, et par la diffusion dans le reste du continent européen d’un état d’esprit fondé sur le refus de la violence comme moyen pour les nations de faire triompher leurs points de vue ; un élément-clé dans l’équilibre du monde ; une expérience de recherche de consensus et de compromis enrichissante et sans précédent ; une possibilité additionnelle offerte à l’Ouest de rechercher un langage commun avec les peuples du Sud, diminuant le risque d’un « choc des civilisations ». 
Une union véritable suppose la mise en commun par les nations membres de compétences étatiques traditionnelles auxquelles les Etats ont souvent du mal à renoncer. Ce processus est largement entamé et les transferts de souveraineté au bénéfice de l’Union ont des conséquences immédiates dans la vie quotidienne des Européens. On en citera nombre d’exemples. Ce processus d’érosion des souverainetés nationales rencontre des résistances dans tous les pays membres, même là où le discours officiel est favorable à une supranationalité européenne. Ces résistances peuvent être exprimées de façon différente en France, où l’on tient fortement à l’identité nationale. Mais elles n’y sont pas plus fortes qu’ailleurs. Malgré le discours de certains dirigeants français sur le « patriotisme économique », qui frise parfois le protectionnisme, un observateur objectif jugerait sans doute que l’esprit européen est plutôt plus fort en France que dans nombre d’autres pays de l’Union Européenne.
L’extension du processus d’unification à la défense et à la politique étrangère pose des problèmes difficiles, parce que les pays membres – et pas seulement la France – supportent mal qu’il soit porté atteinte à leur souveraineté. L’Union Européenne doit trouver une voie entre l’idéal des « Etats-Unis d’Europe » et la réalité de l’attachement des Européens à l’existence dans chaque pays d’une politique étrangère nationale. Cela signifie qu’au cours d’une période plutôt longue, toutes les solutions qui seront imaginées pour sortir de ce dilemme seront imparfaites. Des progrès ont été faits sur la défense européenne et on doit s’attendre à d’autres avancées dans ce domaine dans les prochaines années. Les objections élevées autrefois par les Etats-Unis envers l’idée même d’une défense européenne autonome devraient s’atténuer dans la mesure où il apparaît que les réalisations européennes ne menacent en rien l’unité de l’Alliance. Normalement, ces objections américaines devraient aussi trouver une réponse appropriée dans la décision de la France de participer plus complètement à toutes les activités de l’OTAN, mettant un terme à une position d’abstention par rapport à certains aspects du système atlantique, qui avait été adoptée par le Général de Gaulle il y a plus de soixante ans.

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